Bonjour à tous…

LE SAPIN HANTÉ

–          Regarde papy, il est beau celui-là, il est bien touffu !

En ce début du mois de décembre, les sapins font leur apparition dans la plupart des maisons. Le temps est venu pour les décorations, les illuminations et la préparation des réveillons…

La magie de Noël et des fêtes du Nouvel An est en route mais, elle réserve parfois d’étranges surprises.

Il y a très longtemps de cela…

C’était la première fois que le petit-fils accompagnait le grand-père dans la forêt de Saoû pour y couper un sapin de Noël. Le choix n’avait pas été facile.

Le vieil homme avait  miraculeusement pu avoir l’autorisation du régisseur et, avec son petit-fils, ils s’étaient levés aux aurores pour être dans les premiers arrivés sur les lieux.

De retour à la maison, on installa le conifère dans un coin de la plus grande pièce qui servait à la fois de salle de séjour et de salon. Il ne devait pas être trop prêt de la cheminée car une escarbille malencontreuse aurait pu l’enflammer comme de l’amadou.

On sortit le carton des boules, le carton des guirlandes et le cartons des différentes fanfreluches que l’on accroche aux extrémités des branches épineuses. On n’oublia pas d’installer au sommet la sublime étoile scintillante.

A son pied, on agença une crèche provençale entourée de papier rocher. Il ne lui manquait que son principal occupant : le petit Jésus. On le placerait la nuit de la nativité pour ne pas attirer le malheur sur toute la maisonnée.

Ainsi, tout semblait prêt pour Noël.

Le soir venu, tout le monde alla se coucher paisiblement avec le sentiment d’un devoir accompli.

Mais au milieu de la nuit, le sapin se mit à trembler et à émettre des sons étranges qui réveillèrent toute la famille, des plus vieux aux plus jeunes.

Le sapin de la forêt de Saoû était-il hanté ? Se manifestait-il seulement en pleine nuit pour geindre et se plaindre d’avoir été coupé ?

Lorsque le grand-père prit son fusil au cas où, il n’eut pas à s’en servir.

Les deux gros yeux qui le regardaient arriver était seulement ceux d’un jeune hibou timide qui avait élu domicile dans le feuillage épais et qui n’avait décliné ni son identité, ni sa présence à personne durant tout le temps de la coupe et des préparatifs. Maintenant, installé sur le dossier d’un fauteuil, cet invité surprise observait à travers la fenêtre une obscurité familière qu’il ne pouvait atteindre seul. Cette frustration l’avait certainement amené à ses interpellations sonores et répétitives.

Malgré le froid intensifié par une belle nuit étoilée, on laissa la fenêtre grande ouverte pour que notre noctambule insouciant puisse rejoindre ses pénates en toute tranquillité.

Le réveillon de Noël se passa le plus merveilleusement du monde. L’enfant Jésus retrouva sa place dans la crèche et tous les invités rirent avec bonhomie quand le grand-père narra les mésaventures du jeune strigidae*.

Aujourd’hui, la même aventure ne m’arriverait pas car, mon sapin de Noël est artificiel et je laisse croître ceux de la forêt de Saoû tranquillement, ainsi que tous ses voisins épineux ou feuillus.

*famille du hibou : ça c’était pour faire le savant…

Joyeuses fêtes de fin d’année à tous…

Qui est Alain Landy ?
Alain Landy vit à Remire-Mont-Joly en Guyane – mais connait bien Saoû où il a habité.
Le blog :  https://landyschool.blogspot.com/    où est présenté entre autre, un récapitulatif des contes Guyanais