Disparaître… un peu, beaucoup, passionnément !
Dans le domaine de la narration orale et écrite, les métaphores du voyage, du feu et de la disparition demeurent parmi les plus marquantes. Elles constituent vraisemblablement la plus ancienne trinité du récit(1) .
Il nous semble donc pertinent de les proposer comme thématiques annuelles. Aborder le thème de la « disparition » présente toutefois des risques en cette période incertaine pour le secteur artistique et culturel, en raison des interprétations prémonitoires évidentes que cela peut susciter. Néanmoins, faisons preuve d’audace.
Inspiré par les Moires grecques ou les Parques romaines, il s’agit de tisser un fil conducteur, qui permet de traiter les différents aspects de la « disparition », d’éclairer ses nuances et variations culturelles pour éviter de glisser vers un monde où des connaissances, des langues, des modes de pensée, des arts et des spiritualités risquent de s’effacer, entraînant une perte considérable pour l’humanité et la planète. Les diversités, qu’elles soient biologiques ou culturelles, sont lourdement menacées.
Et puis il y a l’histoire de la barque. Peu importe son origine, sa destination, les personnes à bord ou la marchandise qu’elle transporte.
C’est l’histoire d’une barque et d’un témoin qui observe la scène. La mer est agitée. Depuis le rivage la barque est bien visible quand elle grimpe sur la crête d’une vague, mais lorsqu’elle descend dans le creux, elle est soustraite au regard du témoin. Momentanément. Elle réapparaîtra sous peu parce qu’elle n’a pas disparu du monde.
En imaginant le thème de cette année, les Nouvelles du Conte donnent aux artistes l’espace et le temps pour témoigner de la complexité des choses.
Ce thème permet également d’explorer « l’au-delà ». « L’au-
delà est une vieille histoire : elle a débuté avec la religion et s’est perpétuée par la métaphore,le récit, le livre, la lecture, la littérature et l’art… C’est le seul moyen d’aller au-delà du corps, sans en mourir… »(1)
Aborder « l’au-delà sans mourir, et mourir sans disparaître encore un « sacré » défi.
Johannes Melsen,directeur artistique
(1) Librement inspiré d’un texte de Kamel Daoud « Les romans ont-ils du pouvoir ? » paru dans Le 1 du 31 mai 2017. Écrivain- journaliste, prix Goncourt 2024 pour Houris-Gallimard. Licence de spectacle : PLATESV-R – 2021 – 006050 – Joël Miachon
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